jeudi 12 décembre 2024

Tableau analytique sur les contrastes et la complexité de la situation cubaine,

Tableau analytique des points positifs et négatifs dans les domaines ci-dessous (IA) :

DomainesPoints PositifsPoints Négatifs
Culture- Riche métissage culturel - Traditions artistiques vivantes - Excellence dans la musique et la danse - Production culturelle de niveau international- Certaines restrictions sur la liberté d'expression - Difficultés matérielles pour les artistes - Manque d'infrastructures culturelles
Société- Système éducatif performant - Système de santé accessible - Faible taux de mortalité infantile - Égalité sociale relative- Restrictions des libertés individuelles - Pénuries alimentaires - Problèmes de logement - Inégalités croissantes
Économie- Développement du tourisme - Ressources agricoles (tabac, sucre) - Main d'œuvre qualifiée - Exportation de services médicaux- Dépendance économique externe - Impact de l'embargo américain - Infrastructure vieillissante - Difficultés monétaires
Histoire- Indépendance nationale - Réformes sociales importantes - Résistance à l'impérialisme - Préservation de la souveraineté- Passé colonial douloureux - Histoire de l'esclavage - Périodes de crises économiques - Isolement diplomatique
Politique- Stabilité politique - Système social protecteur - Diplomatie active - Résistance aux pressions externes- Système à parti unique - Limitation des libertés politiques - Répression de la dissidence - Contrôle étatique fort
Relations internationales- Coopération Sud-Sud - Alliances régionales - Aide médicale internationale - Relations avec le Canada et l'UE- Embargo américain - Tensions diplomatiques - Dépendance économique - Isolement relatif
Environnement/Géographie- Biodiversité riche - Ressources naturelles - Position stratégique - Potentiel touristique- Vulnérabilité aux ouragans - Défis environnementaux - Dégradation des infrastructures - Manque de ressources énergétiques

Ce tableauest est réalisé avec l'AI, il met en évidence les contrastes et la complexité de la situation cubaine, où chaque aspect positif semble souvent accompagné de défis ou de limitations significatives. Il illustre également l'interdépendance des différents domaines et l'impact des choix historiques et politiques sur la société cubaine actuelle. A la fin de cet article il y a des explications sur l'usage de l'intelligence artificielle, notamment pour la construction de ce tableau. (voir les blogs https://www.ugaia.eu/ et https://gouver2020.blogspot.com/  + https://larselesrse.blogspot.com/ )

En comprenant mieux l'histoire de ce pays je peux investiguer d'une autre façon mes recherches sur nos familles. (voir par exemple La connaissance et la transmission de l’histoire au prisme du témoignage oral Par Nadine Fink )

Les Giraudy en France et hors de France sur https://geneatique.net/.

Épilogue de Jean Lamore 

 "Au seuil de ce xxie siècle, après plus de cent cinquante ans de combats pour son indépendance, et un demi-siècle d’expériences révolutionnaires dans le cadre d’un socialisme sur de nombreux points original, le cas de Cuba et de son avenir connaît un regain d’intérêt dû à plusieurs facteurs. 
L’âge du leader historique de la Révolution est sans doute celui qui est perçu avec le plus de facilité et donne lieu à maintes spéculations de toute nature. Cela ne nous semble pas être la meilleure façon d’aborder la question du présent et de l’avenir de Cuba. Cette personnalisation a pour inconvénient d’occulter les questions essentielles, les facteurs internes et externes, ainsi que la volonté du peuple cubain qui, sous diverses formes, ne devra jamais être négligée. C’est ainsi que la majorité du peuple ne semble aucunement disposée à accepter quelque ingérence extérieure que ce soit pouvant affecter la souveraineté nationale, si chèrement acquise au cours des étapes antérieures. Cela nous paraît être la question fondamentale. Les plans élaborés par des gouvernements étrangers, des États-Unis ou d’Europe, nous semblent voués à l’échec, et porteurs de risques pour la paix civile. Si dans la prochaine étape on assiste à une « transition », ou à quelque type de changements que ce soit, ces changements devront être voulus et mis en œuvre par les Cubains eux mêmes, à partir de leur histoire et de leur culture propres. Comme l’a si bien exprimé José Martí, le peuple cubain est plus que jamais ouvert aux cultures du monde, dont il aspire à se nourrir, mais sans suivre de modèles, il souhaite fondre la culture universelle dans le creuset national, pour qu’en sortent des solutions originales. Après des siècles de dépendance et de sujétions diverses, il aspire à poursuivre l’élaboration de sa propre voie nationale sans rien renier de ses expériences récentes, avec leurs avancées et leurs problèmes. Il est souhaitable également que Cuba, dans le cadre de l’évolution actuelle des contextes latino-américains, et des pays du Sud en général, reprenne la place qui lui revient dans le concert diplomatique et économique des Amériques."

Souces : 

  1. Ensemble_de_textes_Cuba_de_la_conquete_a.pdf
  2. Luxe_calme_et_volupte_desde_La_Habana_Co.pdf
  3. Portrait de Cuba Ulysse Guides de voyage Ulysse etc.pdf
  4. (Que sais-je ) Jean Lamore (Cuba-PUF (2007) [Cuba-PUF (2007)]).pdf


Le nom des îles Turques provient effectivement de l'anglais "Turk's head", en référence au cactus melocactus dont le céphalium rouge ressemble au fez, le couvre-chef porté par les Turcs à l'époque de l'Empire ottoman. Quant aux îles Caïques, leur nom dérive de l'arawak "kayahik", signifiant "collier d'îles", ou peut-être du français "caïques", influencé par l'espagnol "cayos", désignant les îlots et récifs nombreux dans l'archipel1.  
L'île de Providenciales, située dans les îles Caïques, doit son nom à l'Espagnol Juan Ponce de León, qui signifie littéralement "providentielles". Le nom complet du territoire est bien "Îles Turques-et-Caïques" ou "Turks and Caicos Islands" en anglais. Il est courant d'omettre "îles" et de dire simplement "Turques-et-Caïques" ou "TCI", mais pas simplement "Turques/Turks".




Tous les résultats de l’indice RootsWeb WorldConnect Community Trees pour Giraudy

Je me suis créer un "bac à sable" 





Autres sources :




Je vais relier toutes ces recherches avec l'IA.



Quand Juan David Cassard y Grimaldi est né en 1804, son père Andrés avait 34 ans et sa mère María avait 27 ans. Il avait un frère et deux sœurs. Décès de son frère
Juan David avait 36 ans quand son frère Honoré François est mort en 1840. 1795–1840.
María Isabel Grimaldi y Dupin est née en 1777 à Nice, Alpes-Maritimes. Entre 1795 et 1804, elle a eu deux fils et deux filles avec Andrés Cassard y Marceli. Andrés Cassard y Marceli, le fils de Clara et de Jean, est né en 1770 à Nice, Alpes-Maritimes. Entre 1795 et 1804, il a eu deux fils et deux filles avec María Isabel Grimaldi y Dupin.





Tableau réalisé avec l'IA :

Voici le code du tableau en format Markdown. Les éléments clés du formatage sont :

Les | pour délimiter les colonnes
Les - dans la deuxième ligne pour créer l'en-tête
Les ** pour mettre en gras
Les - au début de chaque élément de liste
Les espaces entre les éléments pour la lisibilité

Ce code peut être copié et utilisé directement dans un éditeur Markdown ou adapté pour d'autres formats selon les besoins.

3 variantes Claude 3.5 Sonnet - Haïku - Opus

Les 3 sources d'nfos analysées par C3.5S.




Exemples d'articles sur la Généalogie et l'IA :



 Voici un résumé et un complément des tendances et développements futurs en généalogie avec l'IA :

  1. Tests ADN : Popularité croissante, bases de données plus complètes.
  2. Intelligence artificielle et apprentissage automatique : Analyse de données, identification de modèles.
  3. Numérisation de documents historiques : Meilleur accès aux archives.
  4. Collaboration et externalisation ouverte : Partage de connaissances et projets collectifs.
  5. Réalité virtuelle et augmentée : Expériences immersives (visites virtuelles, arbres généalogiques interactifs).
  6. Tourisme généalogique : Voyages vers les terres ancestrales.
  7. Inclusion des communautés diversifiées : Recherche sur les groupes sous-représentés.
  8. Intégration interdisciplinaire : Liens avec l'anthropologie, la sociologie, l'histoire.
  9. Nouveaux outils technologiques : Reconnaissance d'images, traitement du langage naturel, blockchain.
  10. Généalogie génétique : Résolution de crimes, identification d'individus.

Compléments :

  1. Analyse environnementale : Intégration de données climatiques et géographiques pour comprendre les migrations et les modes de vie ancestraux.
  2. Éthique et confidentialité : Développement de normes pour protéger les données généalogiques sensibles.
  3. Généalogie médicale : Utilisation de l'histoire familiale pour la prévention et le traitement des maladies héréditaires.
  4. Préservation numérique à long terme : Nouvelles méthodes pour conserver les données généalogiques sur plusieurs générations.
  5. Intégration des médias sociaux : Exploitation des données des réseaux sociaux pour enrichir les recherches généalogiques.

Ces tendances montrent que la généalogie évolue vers une discipline plus technologique, collaborative et interdisciplinaire, offrant de nouvelles perspectives sur notre histoire familiale et collective.

 7 Outils pour optimiser vos travaux de Généalogies.

Les liens et sources sont en bas de cette page.

 

Voici un outil de reconnaissance de texte avec IA.

CEPENDANT, POUR LA GÉNÉALOGIE, LE LOGICIEL TRANSKRIBUS SEMBLE ÊTRE LE PLUS APPROPRIÉ.

Transkribus est une plateforme d'IA qui soutient votre travail avec des documents historiques. 

Transkribus vous permet de reconnaître automatiquement le texte, la mise en page et la structure de vos documents à l'aide d'IA. Pour cela, vous pouvez entraîner vos propres modèles d'IA adaptés à vos documents spécifiques. 

ZOTERO

Qu'est-ce que Zotero ?

Zotero est un logiciel de gestion de références bibliographiques libre, gratuit et multiplateforme (Windows, Linux, Mac OS). Il permet de sauvegarder des références, de les organiser, de les partager. Il permet de publier des bibliographies à partir de fichiers d'export ou directement dans un logiciel de traitement de texte. Zotero est soutenu par une très large communauté d'utilisateur.

TROPY

Prenez le contrôle de vos photos de recherche avec Tropy, un outil qui raccourcit le chemin de la recherche de sources d'archives à l'écriture à leur sujet. Passez plus de temps à utiliser vos photos de recherche et moins de temps à les rechercher.

Gramps.

Gramps est un projet de logiciel libre et communautaire, créé, développé et régi par des généalogistes. Nous nous efforçons de produire un programme de généalogie à la fois intuitif pour les amateurs et disposant de fonctionnalités complètes pour les professionnels. Rechercher, organiser et partager votre arbre généalogique avec Gramps. Gramps est un projet de logiciel libre et une communauté.




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R.S.S. est l'acronyme de « Rich Site Summary » (sommaire riche de site web), mais il est généralement traduit par « Really Simple Syndication » (syndication vraiment simple). Un flux RSS est un fichier texte qui contient les titres des derniers articles mis en ligne par un site web ainsi que les liens vers ceux-ci. Il faudra y adjoindre un lecteur de flux, comme FEEDER ou autres solutions.

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GENEANET est gratuit dans une version simple.


Un version plus complète est disponible, mais elle est payante. Pour ma part c'est celle que j'utilise.

Voici un rendu d'une branche de la Famille SCOVAZZO - CAUVIN - GIRAUDY.


SOURCES : document réalisé avec Zotero. 

C'est une bibliographie en automatique :

Alpes-Maritimes D. Des. « Outils de recherche et archives numérisées ». In : Département des Alpes-Maritimes [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < https://www.departement06.fr/archives-departementales/outils-de-recherche-et-archives-numerisees-2895.html > (consulté le 26 février 2021)

Brigitte. Microsolf Image Composite Editor [En ligne]. Geneatech. Disponible sur : < https://geneatech.fr/download/microsolf-image-composite-editor/ > (consulté le 6 mars 2021)

Généalogie L. R. Française de. « Un tutoriel quotidien de généalogie pendant “Le Mois Geneatech” ». In : La Revue française de Généalogie [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < https://www.rfgenealogie.com/infos/un-tutoriel-quotidien-de-genealogie-pendant-le-mois-geneatech > (consulté le 6 mars 2021)

ROUAULT A. RootsTech-Connect : un show généalogique réussi , GeneAgenda [En ligne]. GeneAgenda. Disponible sur : < https://geneagenda.org/rootstech-connect-un-show-genealogique-reussi/ > (consulté le 13 mars 2021)

« (2) Gramps - Software (@grampsproject) / Twitter ». In : Twitter [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < https://twitter.com/grampsproject > (consulté le 17 mars 2021a)

« Au-delà de l’état civil - 75 - Répertoires des notaires — Geneawiki ». [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < https://fr.geneawiki.com/index.php/Au-del%C3%A0_de_l%27%C3%A9tat_civil_-_75_-_R%C3%A9pertoires_des_notaires > (consulté le 13 mars 2021b)

« BLOG ». In : Geneanet Tech’ [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < https://tech.geneanet.org/ > (consulté le 6 mars 2021c)

« Boîte à outils ». [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < http://federationgenealogie.qc.ca/activites/espace-jeunesse/boite-a-outils > (consulté le 16 mars 2021d)

« Définition RSS - Actusnews Wire ». [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < https://www.actusnews.com/fr/definition-rss > (consulté le 18 mars 2021e)

« European Academy of Genealogy - Appronfondir ses recherches ». In : European Academy of Genealogy [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < https://www.europeanacademyofgenealogy.com/Appronfondir_ses_recherches.w.htm > (consulté le 17 mars 2021f)

Image Composite Editor [En ligne]. Microsoft Research. Disponible sur : < https://www.microsoft.com/en-us/research/product/computational-photography-applications/image-composite-editor/ > (consulté le 6 mars 2021g)

Introduction to Tropy [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < https://vimeo.com/239557418 > (consulté le 6 mars 2021h)

« La boite à outils informatique du généalogiste. » [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < https://www.rakforgeron.fr/index.php > (consulté le 16 mars 2021i)

Les Outils du Généalogiste | CGF [En ligne]. Disponible sur : < http://cgf-bzh.fr/autour-de-la-genealogie-2/autour-de-la-genealogie/ > (consulté le 16 mars 2021j)

« Microsoft forums - Image Composite Editor ». [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < https://social.microsoft.com/Forums/en-US/home?forum=ice > (consulté le 6 mars 2021k)

« start [Zotero Documentation] ». [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < https://www.zotero.org/support/ > (consulté le 5 mars 2021l)

« Télécharger - Gramps ». [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < https://gramps-project.org/wiki/index.php?title=T%C3%A9l%C3%A9chargerhttps://gramps-project.org/wiki/index.php?title=T%C3%A9l%C3%A9charger > (consulté le 16 mars 2021m)

« The Gramps Project (Discourse Forum & Mailing List) - Collecting our past. » In : The Gramps Project (Discourse Forum & Mailing List) [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < https://gramps.discourse.group/ > (consulté le 17 mars 2021n)

« Tropy ». [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < https://tropy.org > (consulté le 6 mars 2021o)

« Tropy Basics ». [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < https://docs.tropy.org/ > (consulté le 6 mars 2021p)

Tuto généalogie - Retrouvez vos ancêtres ! [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < https://www.youtube.com/watch?v=d7i9gZtrn7A > (consulté le 26 février 2021r)

« Tutoriel RSS, description construction et utilisation d’un flux ». [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < https://www.xul.fr/xml-rss.html#creation-flux > (consulté le 18 mars 2021s)


Transkribus est une plateforme d'IA qui soutient votre travail avec des documents historiques. 

Users Group Artificial Intelligence Andorra (U.G.A.I.A.) : Des logiciels de reconnaissance de texte pour la généalogie avec l'IA (ugaia.eu)

https://www.ugaia.eu/2024/04/des-logiciels-de-reconnaissance-de.html


En français :










Using AI in Family History Research





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mardi 10 décembre 2024

D’une île rebelle à une île fidèle, les Français de Santiago de Cuba

Agnès RenaultD’une île rebelle à une île fidèle, les Français de Santiago de Cuba (1791-1825)


Mont-Saint-Aignan, Publications des Universités de Rouen et du Havre, 2012

Jean-Claude Halpern p. 200-202
Référence(s) :

Agnès Renault, D’une île rebelle à une île fidèle, les Français de Santiago de Cuba (1791-1825), Mont-Saint-Aignan, Publications des Universités de Rouen et du Havre, 2012, 528 p., ISBN 978-2-87775-531-3, 31 €


D’une île rebelle à une île fidèle, les Français de Santiago de Cuba.

Ce livre est le résultat d’un travail de recherches qui conduit Agnès Renault sur les traces des Français qui, entre 1791 et 1825, ont été à l’origine de l’essor de l’Orient cubain, autour de Santiago de Cuba et face aux côtes haïtiennes. Des Cubains s’étaient déjà intéressé au xixe siècle à l’origine de cette influence française qui a laissé sa marque jusqu’à nos jours dans cette partie de l’île, mais c’est la thèse d’Alain Yacou en 1975, sur L’Émigration à Cuba des colons français de Saint-Domingue qui a relancé l’intérêt sur cette question.

Planteurs fuyant les troubles qui agitent la colonie française jusqu’à l’indépendance en 1804, réfugiés plus ou moins démunis, parfois arrivés avec leurs esclaves, blancs ou hommes de couleur, venus majoritairement des régions longtemps occupées par les Anglais, des parties Ouest ou Sud de Saint-Domingue, ils ont gardé dans l’adversité le même esprit d’entreprise qui les amène sans se décourager à entreprendre par la culture du café, sur le modèle de la plantation esclavagiste qui a fait une première fois leur fortune, la mise en valeur des pentes délaissées qui entourent la deuxième ville de cette colonie espagnole somnolente qu’est l’île de Cuba. Installation au début considérée comme temporaire selon les vicissitudes des événements de Saint-Domingue, marquée par des va-et-vient d’une île à l’autre, voire avec La Nouvelle-Orléans ou les États-Unis, elle est considérée parfois avec une certaine suspicion par les autorités espagnoles, très ambivalentes à l’égard des Français, plus encore accompagnés d’esclaves imprégnés d’un esprit de révolte potentiellement dangereux.

Les réfugiés suscitent cependant l’admiration ou l’envie par leur dynamisme économique ; ils sont considérés avec une certaine bienveillance par le gouverneur de Santiago, d’autant plus que leur activité corsaire devient essentielle au ravitaillement d’une ville en plein essor démographique, mais ils sont en butte à l’hostilité de l’archevêque, hostile au modèle économique de la plantation, ou aux commerçants catalans qui redoutent leur concurrence.

L’invasion de l’Espagne par Napoléon entraîne l’expulsion de plusieurs milliers de Français, à l’exception de quelques centaines d’entre eux, naturalisés ou pratiquant des professions indispensables. Mais beaucoup reviennent, en particulier à partir de 1812 ou plus encore de 1814, et s’installent d’une manière définitive. Plus encore une nouvelle vague migratoire amène cette fois des migrants volontaires, pour beaucoup venus de l’Ouest de la France rejoindre des membres de leur famille, héritiers du mythe américain de leurs prédécesseurs domingois du siècle précédent, mais cette fois dans une colonie sous souveraineté espagnole, dont la stabilité les rassure, à l’abri des mouvements de contestation qui agitent la Terre Ferme.

Car l’essor de l’économie de plantation à Cuba au xixe siècle, à la source d’un enrichissement considérable, a pour corollaire la multiplication du nombre des esclaves et la diminution relative de la population blanche, traumatisée par la révolution haïtienne toute proche. Aussi l’île se tient-elle à l’écart des mouvements indépendantistes du continent latino-américain.

Les Français, au début du xixe siècle, avaient réussi à reconstituer une société sur le modèle de Saint-Domingue, privilégiant les relations entre eux, parvenant ainsi à s’adapter aussi bien à Cuba, à la Jamaïque qu’à La Nouvelle-Orléans. Dans l’île espagnole, ils consolident le vieux système colonial, et pourtant, ce sont eux qui ont introduit la franc-maçonnerie, contribuant à diffuser des idées libérales à l’origine d’un mouvement émancipateur.

Par-delà 1825, année de l’abandon définitif des rêves d’un retour à Saint-Domingue, l’immigration française a perduré jusque dans les années soixante du xixe siècle. Les immigrants se sont peu à peu intégré et leur présence a laissé des traces sensibles dans l’Orient cubain, dans la langue, la musique ou la danse, ou le raffinement d’une certaine manière de vivre.

L’étude très fouillée d’Agnès Renault, qui s’appuie sur le dépouillement de nombreuses archives cubaines et s’accompagne d’une brève annexe statistique et d’un cahier iconographique et de plusieurs reproductions de cartes ou de plans d’époque, a le mérite de souligner, par-delà l’indépendance d’Haïti, la perpétuation pendant une partie du xixe siècle du modèle colonial esclavagiste qui avait fait la fortune de la Saint-Domingue française, sous la souveraineté d’une Espagne pourtant radicalement contestée sur l’ensemble du continent américain.


Pour citer cet article

Référence papier

Jean-Claude Halpern« Agnès RenaultD’une île rebelle à une île fidèle, les Français de Santiago de Cuba (1791-1825) »Annales historiques de la Révolution française, 377 | 2014, 200-202.

Référence électronique

Jean-Claude Halpern« Agnès RenaultD’une île rebelle à une île fidèle, les Français de Santiago de Cuba (1791-1825) »Annales historiques de la Révolution française [En ligne], 377 | juillet-septembre 2014, mis en ligne le 15 septembre 2014, consulté le 08 décembre 2024

URL : http://journals.openedition.org/ahrf/13304 ; 


DOI : https://doi.org/10.4000/ahrf.13304



Sommaire

DE SAINT-DOMINGUE A CUBA
Santiago de Cuba et les Français de Saint-Domingue : les conditions d'une rencontre
La gestion des flux migratoires
LA POPULATION FRANCAISE REFUGIEE A SANTIAGO DE CUBA
Un monde de diversité
Une microsociété française
Les relations intra-communauraires
Les formes d'intégration
Les rapports avec la population locale
LES CONSEQUENCES DE CES FLUX MIGRATOIRES
Les transformations de Santiago de Cuba
Les Français et l'année 1809
Après 1809, évolution de l'immigration française

Cet ouvrage volumineux est né d’une thèse soutenue en 2007 à l’université du Havre. 

Le sous-titre en situe le propos : Agnès Renault s’est attachée à une communauté d’émigrés français installée à la fin du XVIIIe siècle dans l’Oriente cubain, ce morceau périphérique d’une colonie espagnole encore languissante à cette époque. 

Une étude régionale, en quelque sorte, comme l’historiographie cubaine contemporaine (Olga Portuondo Zúñiga par exemple) a aimé la pratiquer. Peu de mots dans le titre laissent supposer le drame sous-jacent qui a formé l’axe à partir duquel l’historiographie internationale s’est intéressée, il y a longtemps, à ce territoire : la révolution haïtienne, l’un des trois événements majeurs qui, avec les révolutions américaine et française, signe la fin de l’Ancien Régime dans sa version coloniale. Si des Français (peut-être vaudrait-il mieux dire des Domingois) sont arrivés à Santiago à différentes époques entre 1791 et 1815, c’est parce qu’ils fuyaient les succès militaires des esclaves, des affranchis ou des libres révoltés (on ne disait pas « rebelles » à l’époque mais « bandits ») que Dessalines couronna en 1803 par sa victoire définitive sur le corps expéditionnaire envoyé par Bonaparte. En choisissant de s’installer dans une île « fidèle » à sa métropole et à l’ordre esclavagiste qui en fondait le statut colonial, ceux que leur couleur désignait comme de potentiels « maîtres » n’avaient pas manqué de remettre en esclavage des « citoyens » définitivement émancipés par le décret de la Convention nationale de 1794. Conduite par le souci de retrouver jusqu’à aujourd’hui cette « francité » que la diaspora domingoise a créée au début du XIXe siècle sur ce morceau de terre cubaine, ce n’est pas sans une certaine empathie avec ses personnages qu’Agnès Renault a travaillé.

Dans la première partie (« De Saint-Domingue à Cuba »), l’auteure, reprenant la chronologie établie par Yacou et Debien, détaille les étapes de la fuite des Domingois à partir de la grande révolution des esclaves de l’été 1791 jusqu’aux années qui suivent la déclaration d’indépendance haïtienne. Elle suit aussi leurs réembarquements successifs vers d’autres refuges. Deux dates sont ici essentielles : 1803, qui voit se vider le Sud et l’Ouest de Saint-Domingue de la plupart des Blancs mais aussi de nombreux « libres de couleur » quand la victoire de Dessalines ne peut plus être remise en cause ; 1809, lorsque la colonie cubaine s’engage derrière la monarchie légitime d’Espagne contre l’envahisseur français et expulse les réfugiés.

C’est avec la deuxième partie (« La population française réfugiée à Santiago de Cuba ») que nous entrons de plain-pied dans le remarquable travail effectué aux archives nationales d’Outre-mer à Aix-en-Provence, dans les archives cubaines à La Havane et Santiago, et dans les archives espagnoles à Séville. Cette très large collecte permet de dresser une sociographie détaillée de ces réfugiés à partir du moment où ils sont suffisamment nombreux pour inquiéter les autorités et diviser la population locale sur le sort qu’il faudrait leur réserver et, en conséquence, où ils deviennent l’objet d’enquêtes répétées. S’y ajoutent bien sûr les actes notariés. Non tant ceux des tabellions espagnols – trop chers – que ceux improvisés et gratuits des secrétaires de l’étrange « agence des prises de la Guadeloupe » installée à Santiago afin d’aider les corsaires français qui se réfugient dans le port pour faire enregistrer la légitimité de leurs prises et en négocier la vente. Ce sont eux qui deviennent les « notaires » semi-clandestins de leurs compatriotes qui, aussitôt installés dans des abris de fortune sur la zone la plus marécageuse du rivage, se mettent à faire des affaires, mais aussi à tenter de préserver les biens qu’ils ont abandonnés en faisant enregistrer les quelques papiers qu’ils ont pu sauver dans leur fuite. C’est l’occasion non seulement d’offrir au lecteur une analyse sociologique chiffrée de cette population, mais aussi d’y ajouter des morceaux de vie glanés dans les archives. Ces portraits aux traits accentués font judicieusement éclater les catégories sociales ou raciales le plus souvent admises. Ils permettent de donner chair aux dynamiques intra et extra-communautaires qui se développent dans un microcosme qui ne tarde pas à s’intégrer dans son nouveau territoire colonial, voire à lui donner des dimensions économiques inédites (extension de la culture du café) et des dimensions raciales restaurées (reconstruction d’une société esclavagiste d’Ancien Régime peut-être plus violente que celle qui prévalait en ce lieu avant l’arrivée des Domingois).

Toutefois, ce qui rend aussi compte des conditions d’existence de ces exilés est la complexité des réactions des Espagnols à leur égard : faut-il plaindre et soutenir ces naufragés d’un ordre colonial que l’on croit encore intangible (du moins jusqu’en 1804) ou faut-il expulser ces fauteurs de troubles potentiels dont on ne sait circonscrire clairement la dangerosité ? Il est amusant de voir que les rescapés européens de l’armée de Leclerc de 1803 sont tout aussi inquiétants que les rescapés « de couleur » de l’armée de Rigaud lorsque Toussaint-Louverture les avait défaits en 1800. Si l’évêque de Santiago reste clairement à la tête des anti-Français, il n’en est pas de même du gouverneur Kindelán, dont on ne parvient pas à savoir s’il fait ce qu’il peut face à une situation qui souvent lui échappe, ou s’il joue un double jeu qui lui vaudra sa place lorsque la débandade des armées napoléoniennes ne justifiera plus l’ambiguïté des afrancesados. Les autorités de La Havane, de l’autre côté de l’île, supputent avec plus de calme les avantages (du point de vue d’une démographie raciale) et les inconvénients (en particulier économiques ou militaires) d’un afflux d’immigrants qui, au gré des aléas de la guerre européenne, deviennent alliés ou ennemis.

La dernière partie (« Les conséquences de ces flux migratoires ») est plus composite. Elle hésite entre un retour sur l’hispanité de Santiago, lorsque le plus grand nombre des Français en ont été chassés (1809), et les derniers soubresauts du phénomène migratoire après cette date. L’analyse de l’expulsion est bien menée et éclaire cet événement de première importance pour l’histoire de la Caraïbe tout entière.

Appuyé sur une recherche archivistique particulièrement dense, ce travail deviendra une référence. On regrettera pourtant qu’il soit resté trop près de la thèse qui lui a servi de support. Il aurait été utile de mieux trier entre ce qui relève de l’érudition et ce qui fait avancer l’argumentation et nourrit le débat. Le lecteur se perd un peu au fur et à mesure que les chapitres avancent. L’index onomastique (plus de 1200 noms pour les seuls Français réfugiés comportant souvent plusieurs références) donne la mesure de l’effort de mémoire attendu. À l’inverse, l’analyse historiographique est trop souvent circonscrite au débat déjà ancien (et donc privilégiant aussi l’érudition) entre les quelques chercheurs français spécialistes de la Caraïbe coloniale (Debien et Yacou en particulier) et les Cubains ayant travaillé sur l’Oriente (Portuondo Zúñiga et les autres). La bibliographie thématique, bienvenue dans une thèse où elle signale le travail réel de lecture, montre surtout ses lacunes dans un ouvrage offert à un public exigeant. La diaspora domingoise a été ces dernières années l’objet de très nombreuses études qui ne peuvent être ignorées même si, le plus souvent, elles sont en langue anglaise. En les convoquant, Agnès Renault aurait certainement été amenée à voir les réfugiés non seulement comme de malheureux colons tentant de reconstituer leur fortune tout en francisant un bout de terre espagnole, mais aussi comme les acteurs acharnés de la reconstruction du passé colonial esclavagiste qui leur a échappé un moment.



Crónicas de Santiago de Cuba Tomo I : Bacardí y Moreau, Emilio : Free Download, Borrow, and Streaming : Internet Archive

https://archive.org/details/EmilioBacardiCronicasDeSantiagoDeCubaTI/page/n25/mode/2up

Agnès Renault, D’une île rebelle à une île fidèle, les Français de Santiago de Cuba (1791-1825)

https://journals.openedition.org/ahrf/13304#quotation

D’une île rebelle à une île fidèle, les Français de Santiago de Cuba (1791-1825). (Agnès Renault, 2012) – TRACES DE FRANCE



dimanche 8 décembre 2024

Révolution de 1933 (Cuba)

Révolution de 1933 (Cuba) et la Dr Angel Alberto Giraudy.

Révolution de 33 et A. A. GIRAUDY.


Révolution de 33. Dans les premiers mois de 1933, Cuba était un pays sur le pied de guerre, malgré la répression sanglante du gouvernement du tyran Gerardo Machado.

Il y a eu des manifestations, des rassemblements de rue – connus sous le nom de « tanganas » – des grèves étudiantes, de fréquentes explosions de pétards et d’autres engins ont éclaté, des attaques contre des éléments du régime ont eu lieu, tandis que le mouvement syndical organisait des grèves d’ouvriers et de paysans, en particulier dans les industries sucrière, des tramways, du tabac et des paysans qui, avec la grande masse des chômeurs, a secoué le pays.


1 Céspedes Presidente. Réaction des travailleurs et des étudiants
2 La révolution des sergents. La Pentarchie
3 Le gouvernement provisoire. L’œuvre de Gran et Guiteras
4 Subversion contre-révolutionnaire. La terreur de Batista
5 La crise du gouvernement. Le coup d’État réactionnaire du 15 janvier
6 La réaction en puissance
7 Le Parti révolutionnaire cubain (Autentico) et Jeune Cuba
8 Actions du Parti communiste et de la Confédération nationale ouvrière de Cuba
9 Les luttes paysannes. Realengo 18
10 IVe Congrès pour l’unité syndicale
11 L’abolition de l’amendement Platt. Le nouveau traité de réciprocité
12 La grève générale de mars 1935. Mort de Guiteras
13 Signification de la Révolution de 33
14 Voir aussi
15 La source

Je vais vous faire un résumé structuré des événements clés de la Révolution cubaine de 1933 :


Contexte initial :
- Début 1933 : Cuba est en pleine agitation sous la dictature de Gerardo Machado
- Des manifestations, grèves étudiantes et ouvrières secouent le pays
- Les secteurs mobilisés incluent l'industrie sucrière, les tramways, le tabac et les paysans

Événements majeurs :
1. Chute de Machado et gouvernement Céspedes (août 1933)
- Carlos Manuel de Céspedes devient président avec l'approbation des États-Unis
- Large mouvement de grève dans le secteur sucrier
- Occupation de nombreuses sucreries par les ouvriers

2. La "Révolution des Sergents" (4 septembre 1933)
- Soulèvement des sous-officiers dirigé par Fulgencio Batista
- Licenciement de Céspedes
- Formation d'un gouvernement collégial de cinq membres (Pentarchie)

3. Gouvernement Grau San Martín (septembre 1933 - janvier 1934)
- Adoption de mesures progressistes : journée de 8 heures, salaire minimum, droits syndicaux
- Mesures anti-impérialistes face aux États-Unis*
- Tensions internes entre l'aile réformiste (Grau), l'aile gauche (Guiteras) et l'aile droite (Batista)

4. Coup d'État et répression (janvier 1934)
- Renversement de Grau par Batista avec le soutien des États-Unis
- Installation du gouvernement Mendieta-Caffery-Batista
- Répression du mouvement ouvrier et annulation des réformes sociales

Conséquences importantes :
- Abolition de l'amendement Platt en mars 1934
- Émergence de nouvelles forces politiques : Parti révolutionnaire cubain (Authentique) et Jeune Cuba
- Intensification des luttes ouvrières et paysannes
- Mort d'Antonio Guiteras en mai 1935, marquant la fin effective de la révolution

Impact historique :
- Développement d'une conscience anti-impérialiste
- Émergence du prolétariat comme force politique majeure
- Expérience précieuse pour les futures luttes révolutionnaires cubaines
- Démonstration de la nécessité d'unir les forces populaires et d'avoir une capacité militaire propre

Cette révolution, bien que défaite, a constitué une étape cruciale dans l'histoire des luttes populaires cubaines et a posé les bases des mouvements révolutionnaires ultérieurs.

*La délégation cubaine, présidée par l'intellectuel révolutionnaire et ministre du Travail, le Dr Angel Alberto Giraudy, y manifeste contre l'intervention américaine dans les affaires des pays latino-américains, affirme que "Cuba est née avec un vice congénital d'intervention", et dénonce l'Amendement Platt et le Traité permanent comme des mesures contre la volonté du peuple cubain lorsque le pays « a été victime des baïonnettes nord-américaines ». Grau n'a pas respecté la Constitution de 1901 ; Il a prêté serment devant le peuple. De plus, il a ignoré l’amendement Platt.



Céspedes, Président. Réaction des travailleurs et des étudiants


Céspedes et Quesada, un mandat de seulement 22 jours.
Tous les efforts du général Alberto Herrera, chef de l’armée, pour s’emparer de la première magistrature sont inutiles. Dans la nuit du 12 août, le Congrès a accepté d’investir comme président un personnage anodin, Carlos Manuel de Céspedes, avec l’approbation des États-Unis. Céspedes forme son cabinet avec des éléments de l’opposition médiationniste et quelques serviteurs bien connus du gouvernement américain. Cette équipe vise à maintenir le statu quo et fournit une protection aux membres de Machado dans leur évasion.

Mais ni Céspedes, ni les partis bourgeois, ni Weiles lui-même n’ont encore compris l’ampleur du mouvement, qui se développe impétueusement sous l’impulsion fondamentale des ouvriers et des étudiants. Le Parti communiste et les organisations qu’il dirige, en premier lieu la Confédération nationale ouvrière de Cuba, tentent de donner à la Révolution un contenu agraire et anti-impérialiste. Plus de deux cents Un millier de travailleurs du sucre se mettent en grève en août et septembre. Les ouvriers s’emparent de nombreuses sucreries, occupent les chemins de fer, étendent leur contrôle sur de vastes zones agricoles et s’arment en formant des groupes d’autodéfense, généralement avec le soutien de paysans. À plusieurs endroits, ils occupent les terres des grands propriétaires terriens. L’appareil répressif, fissuré, est incapable d’exercer la moindre autorité.

Tenant compte de la situation révolutionnaire que l’on vit, le Parti communiste appelle les ouvriers, les paysans et les soldats à établir des « soviets » (conseils) dans les endroits où la poussée populaire le permet, sous la forme d’un gouvernement provisoire élu par les masses. Ces organes du pouvoir ouvrier-paysan devaient adopter toutes les mesures nécessaires pour résoudre les principaux problèmes des travailleurs urbains et ruraux, industriels et agricoles, ainsi que de la population en général. À partir d’août 1933, les ouvriers répondirent à cet appel du Parti communiste par l’occupation de quelque 36 sucreries et l’établissement de « soviets » dans beaucoup d’entre elles, comme Mabay, Tacajó et Santa Lucía, à l’Est ; Jaronú, Sénat et Lugareño, à Camagüey ; Nazábal, Hormiguero et Portugalete, à Las Villas. Certains de ces « soviets » cessèrent leurs activités lorsque des accords satisfaisants furent conclus avec Entreprises; d’autres, des mois plus tard, après le renversement de Céspedès, seraient écrasés par l’action de l’armée.

Mais la vérité est que dans les semaines qui ont suivi le 12 août, le gouvernement est impuissant face au peuple. Grâce à l'action populaire, et sans que Céspedes puisse l'empêcher, les prisons se remplissent de Machadatistes, des hommes de main sont exécutés dans les rues, les propriétés des fonctionnaires de Machadato sont attaquées et des maires et conseillers sont limogés. Une amnistie libère les opposants emprisonnés et les exilés de tous partis, groupes et tendances retournent à Cuba, avec laquelle l'action populaire s'intensifie. Il y a une crise profonde dans l’armée, qui l’empêche d’attaquer les masses débordées.

A la demande de Welles, deux navires de guerre américains mouillent dans la baie de La Havane sur un ton menaçant. Le peuple exige le remplacement du gouvernement de Cépedes par un autre qui réponde aux aspirations de la révolution populaire. Le Directoire des étudiants universitaires (DEU) se radicalise, rompt ses liens avec l'ABC et proclame une insurrection populaire pour liquider tous les vestiges de la tyrannie et établir un gouvernement révolutionnaire provisoire nommé par les étudiants. Il annonce un programme contenant de nombreuses réformes politiques, économiques, sociales et éducatives de nature démocratique et de libération nationale que le gouvernement provisoire doit respecter jusqu'à ce que des élections soient organisées et que le peuple élise souverainement ses dirigeants. La DEU devient ainsi le noyau fédérateur des organisations les plus radicales des classes moyennes. Plusieurs jeunes officiers techniques de l'Armée qui ont créé le soi-disant Groupe de Renouveau le rejoignent également et acceptent son Programme.

La révolution des sergents. La Pentaarchie
L'insubordination des classes populaires contre l'ordre oligarchique a une autre manifestation très pertinente : le mécontentement des soldats, caporaux et sergents en raison de la mauvaise gestion de nombreux officiers avec les fonds alloués pour la nourriture, l'habillement et autres services aux troupes ; à cause des rumeurs de réductions de salaire et de licenciements, et à cause de l'humiliation qu'ils subissent.

Le sergent-major Pablo Rodríguez, qui dirige le Club des sous-officiers, incarne ce mécontentement. Il fut initialement soutenu par quelques soldats, parmi lesquels le sergent sténographe Fulgencio Batista, qui créa l'Union militaire révolutionnaire, mieux connue sous le nom de Junte des Huit en raison du nombre de ses membres d'origine. La conspiration militaire prend rapidement forme et, aux premières heures du 4 septembre 1933, le mouvement éclate : les chefs et officiers de l'armée sont destitués et les sergents prennent le commandement, dans un coup d'État qui a donc été appelé « la révolution des sergents ». . Manœuvrant habilement, Batista assume la direction du mouvement, reléguant le leader Pablo Rodríguez au poste de chef du camp Columbia. Peu de temps après, Batista sera promu colonel et officiellement nommé chef d'état-major de l'armée.

Le DEU arrive dans la ville militaire de Columbia avec d'autres groupes de gauche et prend le contrôle de la situation. Le Parti communiste (PC), la Confédération nationale des travailleurs de Cuba (CNOC), la Ligue anti-impérialiste et la gauche étudiante, qui ont marché à l'avant-garde pour le renversement de Machado, soutiennent le coup d'État et arrivent en Colombie ; mais leur participation n'est pas admise. Avec l'armée rebelle, la DEU fait partie du soi-disant Groupe révolutionnaire cubain, qui prend désormais les décisions. Le président Céspedes est destitué et sur proposition de la DEU, le Groupe nomme un gouvernement collégial de cinq membres. Il s'agit de : Ramón Grau San Martín et Guillermo Portela, professeurs d'université ; Sergio Carbó, journaliste qui assume des positions démagogiques de gauche ; José Miguel Irisarri, avocat, combattant anti-mahadiste et anti-impérialiste, et Porfirio Franca, banquier et homme d'affaires inoffensif.

Sumner Welles s'alarme de la révolution des sergents et demande à son gouvernement d'envoyer des navires de guerre. Le 7 septembre, une escadre composée de 30 navires de ce type fait le tour de Cuba et la base navale de Guantanamo est renforcée. Batista a déjà établi des contacts avec WeIles, entamant les démarches qui feraient de lui un serviteur des intérêts de Washington. Les secteurs oligarchiques demandent une intervention nord-américaine.

Le gouvernement provisoire. L'œuvre de Gran et Guiteras
La Pentaarchie ne dure qu'une semaine. Compte tenu des contradictions auxquelles elle est confrontée, la DEU assume la responsabilité de sa dissolution et nomme Ramón Grau San Martín comme président, qui entre en fonction le 10 septembre. L'équipe gouvernementale de Grau est très hétérogène. Depuis son intégration, trois tendances bien définies s'y sont manifestées : l'une de nature national-réformiste, majoritaire, dirigée par Grau lui-même ; un autre réactionnaire et pro-impérialiste, qui dépend du chef de l'armée, le colonel Batista, et un troisième d'extrême gauche, dont le principal représentant est Antonio Guiteras. Conformément à ces tendances, de vives contradictions se manifestent au sein du gouvernement et des mesures et des événements tout aussi contradictoires se produisent. Tout cela fait qu’il est difficile pour les principales forces populaires de dresser, à ce moment-là, une caractérisation précise du gouvernement et d’adopter l’attitude la plus cohérente.

Grâce à l'aile la plus radicale et avec l'accord du Dr Grau, le gouvernement a adopté de nombreuses résolutions à contenu populaire, révolutionnaire et de libération nationale. Pour faire face à la crise économique, il dicte une réglementation concernant la récolte sucrière de 1934 au profit des propriétaires cubains et des colons (producteurs de canne à sucre) ; destitue l'Américain Thomas L. Chadbourne de ses fonctions de président de la National Sugar Export Corporation, suspend provisoirement le paiement de la dette contractée par Machado auprès de la Chase National Bank de New York et prend certaines mesures pour protéger la production agricole.

Répondant aux demandes insistantes de la population, le gouvernement dicte une réduction significative des tarifs d'électricité et certaines mesures en faveur des travailleurs de ce secteur, entraînant l'intervention du monopole nord-américain qui contrôle les services d'électricité et de gaz. Il fixe également des limites à l'usure, suspend temporairement les expulsions des locataires et annule 50 % des impôts et cotisations non payés à temps. Les mesures adoptées en faveur des travailleurs ont un grand impact, parmi lesquelles figurent : le respect de la loi qui fixe une journée de travail maximale de huit heures et de la loi qui interdit le paiement des salaires en bons ou en jetons ; fixer le salaire minimum à un peso pour les travailleurs industriels et à 0,80 dollar pour les travailleurs agricoles ; interdiction de l'emploi de mineurs de moins de 18 ans au travail de nuit et de mineurs de moins de 14 ans comme apprentis ; création du ministère du Travail; établissement de la responsabilité de l'employeur en cas d'accident du travail. Deux de ces mesures de nature sociale, particulièrement importantes, donnent lieu à des critères contradictoires : la syndicalisation forcée des travailleurs – face à l'opposition des employeurs à l'organisation des travailleurs – et la soi-disant « loi de nationalisation du travail ». qui établit l'obligation qu'au moins 50% des travailleurs et employés de tout lieu de travail soient des Cubains d'origine.

Conformément aux revendications du corps étudiant, l'autonomie universitaire est officiellement reconnue, 2% du budget national est consacré à ce centre élevé, 1 000 inscriptions gratuites sont accordées aux étudiants pauvres et le processus d'épuration du corps enseignant commence. Le gouvernement prend des décisions radicales et courageuses concernant les problèmes politiques et juridiques : expulsion de 517 officiers de l'ancienne armée et création d'un corps de marine composé de révolutionnaires et de personnes d'origine populaire ; suppression de la tristement célèbre police secrète ; annulation de l'amnistie décrétée par Céspedes en faveur des Machadistas auteurs de crimes et formation de tribunaux de sanctions pour les juger. Le gouvernement dissout les partis politiques traditionnels, convoque une Assemblée constituante et nomme de facto les maires et les gouverneurs du pays.

Le caractère anti-impérialiste du gouvernement se manifeste dans de nombreuses mesures approuvées, ainsi que dans la position adoptée au sein de la VIIe Conférence internationale américaine, tenue à Montevideo en décembre 1933. La délégation cubaine, présidée par l'intellectuel révolutionnaire et ministre du Travail, le Dr Angel Alberto Giraudy, y manifeste contre l'intervention américaine dans les affaires des pays latino-américains, affirme que "Cuba est née avec un vice congénital d'intervention", et dénonce l'Amendement Platt et le Traité permanent comme des mesures contre la volonté du peuple cubain lorsque le pays « a été victime des baïonnettes nord-américaines ». Grau n'a pas respecté la Constitution de 1901 ; Il a prêté serment devant le peuple. De plus, il a ignoré l’amendement Platt.

Subversion contre-révolutionnaire. Terreur de Batista
Ces positions et mesures du gouvernement Grau suscitent la colère des classes oligarchiques, des fonctionnaires de Machado expulsés de leurs fonctions et des organisations réactionnaires comme l'ABC, l'ABC radical et la droite de la DEU, ainsi que l'animosité du gouvernement Grau. gouvernement américain. Suivant les instructions de Welles, de nombreux anciens officiers de Machado et membres de l'ABC se rassemblent au son de la guerre au célèbre Hôtel Nacional, situé à côté de la promenade de La Havane. Le 2 octobre, alors que ces éléments persistaient dans leur attitude belliqueuse, Guiteras a ordonné l'attaque contre eux, menée par des troupes de l'armée et des membres d'organisations affiliées à la DEU. Les militaires sont expulsés ; Mais Batista, qui hésitait avant l'attaque, montre ses sentiments répulsifs lorsque, une fois les contre-révolutionnaires capitulés, il ordonne aux soldats d'en assassiner un groupe.

Le mois suivant, le 8 novembre, un nouveau soulèvement éclate et plusieurs casernes et commissariats de police sont occupés. Cette fois encore, Guiteras mène la défense du pouvoir révolutionnaire et bat le soulèvement en quelques heures. Cependant, tandis que d'un côté des mesures radicales sont dictées et des actes de résistance révolutionnaire héroïque se produisent, de l'autre des actes de terreur sont perpétrés contre les travailleurs et les masses populaires promus par l'aile droite du gouvernement et en particulier par Batista. Grau n'a pas une attitude cohérente : il soutient généralement les positions radicales de Guiteras, mais d'autres fois il accepte passivement les monstruosités de Batista. En octobre et novembre, face au puissant mouvement de grève, les forces armées ont attaqué en toute impunité les travailleurs en divers endroits, les écrasant et les assassinant comme aux pires moments du Machadato. Le massacre de Central Jaronú fait à lui seul 10 morts et 16 blessés.

Mais la répression ne vise pas seulement les grévistes. L'un des exemples les plus frappants de la terreur de la droite est le massacre perpétré contre la manifestation populaire pacifique qui voulait enterrer dignement les cendres de Julio Antonio Mella, le 29 septembre 1933. Quelques jours avant les événements, un Une commission présidée par Juan Marinello avait transféré la dépouille de Mella du Mexique à La Havane. Dans les locaux de la Ligue anti-impérialiste, des gardes d'honneur leur furent présentées. Le 29, alors que des dizaines de milliers de personnes s'apprêtaient à déposer leurs cendres dans un monument provisoire érigé dans le Parc de la Fraternité, les troupes de l'armée, aux côtés de groupes anticommunistes - ABC Radical, Pro Ley y Justicia, Armée des Caraïbes et droite Des éléments du DEU ont tiré sur la manifestation, provoquant la mort de nombreux travailleurs, ainsi que de l'enfant Francisco González Cueto, membre de la Ligue des Pionniers de Cuba. Le sous-sol où devaient être déposées les cendres a été détruit par les militaires eux-mêmes.

Immédiatement après, de nombreux syndicats de travailleurs ont été agressés et pillés. 


C’est ainsi qu’a commencé une nouvelle phase de l’offensive des forces réactionnaires du gouvernement et des groupes oligarchiques contre le mouvement ouvrier et populaire. Guiteras était le secrétaire de l’Intérieur, de la Guerre et de la Marine – et par conséquent, le supérieur Le chef hiérarchique de Batista, le PC et le CNOC le considéraient également comme responsable des massacres perpétrés par l’armée et l’accusaient durement avec le reste du gouvernement. Ainsi, il a été attaqué à la fois par la droite réactionnaire et l’extrême gauche. Ce n’est qu’au début de 1935 que le Parti communiste commença à comprendre les positions de Guiteras et à se rendre compte qu’il n’avait pas été capable d’apprécier Les forces dissemblables qui composaient ce gouvernement n’étaient pas les mêmes que le rôle réel joué par chacun d’entre eux.

La crise du gouvernement. Le coup d’État réactionnaire du 15 janvier

La crise gouvernementale s’accentue au début de l’année 1934. Le 6 janvier, la DEU s’était déjà dissoute, une assemblée générale d’étudiants, tout en dénonçant la conspiration contre-révolutionnaire financée par des monopoles étrangers et en rejetant toute intervention étrangère, répudie Grau « pour avoir déçu les idéaux universitaires et pour être incapable (...) pour accomplir le programme révolutionnaire. C’est aussi à cette époque, du 12 au 16 janvier 1934, qu’un grand événement ouvrier accusa durement l’équipe dirigeante. Il s’agit du quatrième congrès du CORC, qui se tient légalement à La Havane avec la présence de 2 400 délégués représentant environ 400 000 travailleurs organisés de tout le pays.

Son plus grand organisateur et inspirateur est Rubén Martínez Villena, ce fut la dernière bataille qu’il a menée, puisqu’il meurt à la fin du Congrès. Son enterrement est un hommage posthume impressionnant du prolétariat à son leader bien-aimé. Le Congrès retrace l’activité menée par le CORC depuis sa fondation, examine la situation dans le pays et trace sa ligne de combat. Bien qu’il reflète l’héroïsme et le progrès des travailleurs et qu’il constitue un grand pas en avant sur le chemin de leur organisation et de leurs luttes, il entretient une incompréhension négative du gouvernement Grau. Il rejette la loi de nationalisation du travail, ou la loi des 50%, comme une mesure de division, étrangère à l’internationalisme prolétarien et incapable de résoudre – comme le prétendaient ses défenseurs – le problème du chômage. Il dénonce les crimes de l’armée, mais ne les attribue pas à une aile réactionnaire mais au gouvernement dans son ensemble, qu’il accuse d’user tantôt de terreur, tantôt de démagogie.

Ainsi, dans ce moment politique difficile, la seule fédération syndicale cubaine qui exerce son influence sur la grande majorité des travailleurs organisés, insiste pour condamner un gouvernement dans lequel les forces nationales-réformistes prédominent. Il n’y avait plus un seul parti politique, ni une seule organisation sociale représentative, ni un seul secteur doté d’une réelle force politique pour soutenir ce gouvernement. Ses jours étaient Compté. Batista, de mèche avec les États-Unis par l’intermédiaire du nouvel ambassadeur, Jefferson Caffery, qui avait remplacé WeIles en décembre 1933, et en accord avec l’ABC et les partis oligarchiques, réalise le coup d’État militaire contre-révolutionnaire qui renverse Grau le 15 janvier 1934.

La réaction au pouvoir

De manière trompeuse, les putschistes placent à la présidence de la République l’ingénieur Carlos Hevia, collaborateur de Grau ; mais quelques heures plus tard, ils le remplacent par le colonel Carlos Mendieta, un politicien ultra-réactionnaire et un instrument docile de Washington. La direction de l’armée reste entre les mains de Fulgencio Batista, architecte du coup d’État et confident de l’ambassade des États-Unis. C’est ainsi qu’a été établi le soi-disant gouvernement de concentration nationale, que le peuple a qualifié de Le gouvernement Mendieta-Caffery-Batista, faisant allusion aux trois personnages qui y exercent la plus grande influence.

Sans atteindre encore les extrêmes de la dictature de Machado, les conquêtes obtenues sous le gouvernement révolutionnaire provisoire commencèrent à être annulées. Des lois et des décrets sont promulgués à cet égard : création de tribunaux d’exception, qui limitent considérablement les possibilités de défense des accusés et dont les peines ne sont pas susceptibles d’appel ; l’établissement de la peine de mort pour les personnes reconnues coupables de meurtre lors d’une attaque, le sabotage ou d’autres formes de terrorisme ; interdiction des grèves et des manifestations ; cessation de l’organisation syndicale libre ; la suppression de l’autonomie des universités.

Les instituts armés furent organisés et équipés avec l’aide des États-Unis, tandis que les conditions d’hébergement, d’habillement et de salaire des troupes furent améliorées, ce par quoi Batista réaffirma son leadership dans l’armée. Alors que les militaires deviennent les maîtres du pays, un nouveau mal s’ajoute à ceux qui rongent déjà la République : le militarisme réactionnaire. Les persécutions contre le peuple se sont accrues, avec la le résultat d’abus et de meurtres, allant même jusqu’à un crime raciste : le lynchage d’un barbier et journaliste noir à Trinidad, Las Villas, par des éléments de l’ABC, le parti au pouvoir.

Le Parti révolutionnaire cubain (Autentico) et Jeune Cuba

Cependant, les forces révolutionnaires qui ont perdu le pouvoir n’ont pas été anéanties et s’organisent pour la lutte. Le Dr Grau San Martín, avec un grand groupe de collaborateurs, a fondé le Parti révolutionnaire cubain (Autentico) (PCR (A)), de composition hétérogène mais avec une prépondérance d’éléments Nationaliste. Il adopte un programme national-réformiste avancé, avec un slogan de teinture radicale : « Nationalisme, socialisme et anti-impérialisme ». Le PCR(A) deviendra rapidement le plus grand parti d’opposition.

Antonio Guiteras créa, la même année 1934, une nouvelle organisation, Jeune Cuba, qui rassemblait un groupe d’intellectuels, d’étudiants et d’autres représentants du secteur le plus radical de la classe moyenne, et qui comprenait de nombreux ouvriers. Son programme est d’un caractère national-révolutionnaire avancé. La RPC (A), et avec plus de force Jeune Cuba, manifestent leurs projections anti-impérialistes et leurs intentions d’organiser l’insurrection pour reprendre le pouvoir.

Actions du Parti communiste et de la Confédération nationale ouvrière de Cuba

Le Parti communiste tint son deuxième congrès national en avril 1934, au cours duquel il approuva son premier programme et exposa sa tactique de lutte visant à l’établissement d’un « gouvernement ouvrier et paysan ». Blas Roca est ratifié de ses fonctions de secrétaire général du Comité central, poste qu’il occupait depuis des mois. Tout au long de l’année, le PC et le CORC développèrent un puissant mouvement de grève pour des revendications spécifiques des travailleurs, mais aussi pour l’abolition de l’amendement Platt, contre le projet de réforme du Traité de réciprocité avec les États-Unis et d’autres revendications d’importance nationale.

Sous la direction du PC et du CORC, une vague de grèves a été déclenchée à partir du même mois de janvier, qui a englobé des dizaines de milliers de travailleurs du sucre dans de nombreuses sucreries, ignorant le plaidoyer menaçant de Batista selon lequel « il y aura une récolte ou il y aura du sang ». Les soldats de Batista se jetèrent sur les grévistes, attaquèrent les casernes à la baïonnette, expulsèrent des familles entières de leurs maisons, les expulsèrent des sucreries et causant des morts et des blessés.

Les cheminots de Morón, Camagüey, sont en grève depuis plus d’un mois ; les travailleurs du Secrétariat des communications cessent leur travail pendant 20 jours ; Des actions importantes sont également menées par les travailleurs des usines, des transports, du textile, du graphisme, de l’huile, du cigare, du tabac, de l’agriculture et de la forêt, les tramways, les métallurgistes, les enseignants, les barbiers et les coiffeurs, ainsi que les planteurs, les médecins et d’autres secteurs du travail. Et au mois d’octobre, une grève générale réussie de 24 heures a lieu.

Luttes paysannes. Realengo 18

Les paysans, qui avaient mené d’importantes luttes sous le machadato, les intensifièrent en 1934 dans de nombreuses régions du pays, en particulier dans la province d’Oriente. Parmi les cas typiques de ces luttes, on trouve Realengo 18, dans la zone montagneuse de Guantánamo.

Après qu’une demande d’expulsion massive ait été émise contre quelque 5 000 familles paysannes de la région, ils se sont armés avec l’aide et les conseils du PC et, lançant le slogan « La terre ou le sang ! », ont affronté encore et encore la compagnie latifundiste et les troupes de Batista, empêchant finalement que leurs terres leur soient prises.

IVe Congrès de l’unité syndicale

Il s’est tenu du 14 au 17 janvier 1934 et a été le dernier congrès tenu par le CNOC, il a été organisé par Rubén Martínez Villena et au milieu de celui-ci, il est mort. L’un de ses accords était la reconnaissance du PCC en tant qu’organisation directrice d’avant-garde, il a accepté que le CORC soit affilié à la Confédération syndicale latino-américaine et à l’Internationale rouge. Son objectif directeur était de réaliser l’unité du mouvement ouvrier, il établissait l’unité avec les autres forces révolutionnaires, en particulier les intellectuels et les paysans, et condamnait la domination yankee à Cuba, l’amendement Platt et la pénétration économique des États-Unis.

L’abolition de l’amendement Platt. Le nouveau traité de réciprocité

Tentant d’améliorer leur image aux yeux de Cuba et des autres peuples d’Amérique latine, les États-Unis accèdent à l’une des exigences les plus insistantes des Cubains dans toute la République : l’abolition de l’amendement Platt. En mars 1934, l’administration Roosevelt annule la clause interventionniste. Il est vrai que, comme l’a déclaré un journaliste américain à l’époque, tant que le capital américain continuerait à dominer les industries, les terres, les banques et les autres ressources de l’île, et tant qu’elle continuerait à dépendre du commerce avec les États-Unis, l’influence décisive de ces derniers sur la plus grande des Antilles ne cesserait pas. Mais en tout cas, cela s’est avéré être une victoire pour le luttes du peuple cubain pour que l’amendement inquiétant cesse d’être un appendice de la Constitution cubaine.

En août de la même année, un nouveau traité de réciprocité a été signé entre Cuba et les États-Unis pour remplacer celui de 1903. La nation du Nord est encore plus favorisée par le nouvel accord, au détriment de Cuba. La ligne cubaine qui en a quelque peu bénéficié est le sucre ; mais cet avantage ne se matérialise jamais, car les États-Unis appliquent la loi Costigan-Jones, qui établit des quotas très réduits pour l’acquisition de sucre cubain par ce pays.

La grève générale de mars 1935. Décès de Guiteras

Le traité de réciprocité et la loi sur les quotas sucriers, ainsi que les mesures antipopulaires et la répression, ont intensifié l’agitation populaire au début de 1935. Le mouvement de protestation n’embrasse pas seulement les travailleurs de presque toutes les branches de la l’économie nationale, mais aussi aux enseignants, médecins, étudiants et employés des services de santé municipaux et étudiants de l’Université.

À la fin du mois de février, le Comité de grève universitaire a appelé tous les secteurs de la population à se mettre en grève générale pour exiger le rétablissement des libertés démocratiques, la cessation du militarisme, la libération des prisonniers politiques, l’abolition des tribunaux d’exception, l’attention urgente aux revendications des écoles publiques et des écoles secondaires. etc. Tant Joven Cuba et Guiteras que le PC et le CNOC, entre lesquels il y a eu un rapprochement, considèrent que la grève est prématurée. Compte tenu de l’importance qu’il a pour le destin de la Révolution, il doit être bien organisé, avec une coordination étroite de tous les secteurs et disposer de détachements armés capables d’affronter les forces répressives. Sans ces exigences, ces organisations estiment que la grève est vouée à l’échec.

Cependant, les masses enragées se mirent en grève sans tenir compte de ces considérations et, devant le fait accompli, les organisations révolutionnaires décidèrent de lui donner tout leur soutien. Depuis le 6 mars, les différents secteurs du travail sont paralysés ; Les 9 et 10, la grève atteint son apogée. Mendieta et Batista déclarent le pays en état de guerre, lancent les forces armées contre la grévistes, abrogent les statuts constitutionnels, occupent l’Université et autorisent leurs sbires à tirer sur ceux qui promeuvent la grève. La violence féroce, sans possibilité de réponse armée, fait perdre de la force au mouvement, qui finit par être vaincu, comme Guiteras et le PC l’avaient prédit.

Avec la défaite, la révolution populaire de 1933 a été pratiquement liquidée. Le dernier effort pour la sauver se termine tragiquement. Guiteras décide de se rendre au Mexique afin d’obtenir des armes et des hommes pour lancer une nouvelle insurrection révolutionnaire à Cuba. Mais la dénonciation d’un traître met Batista sur ses gardes, et Guiteras est surpris alors qu’il était sur le point de quitter le pays par la petite plage d’El Morrillo, à Matanzas, tombant dans un combat inégal avec les troupes de l’armée le 8 mai 1935. Avec lui, le communiste vénézuélien Carlos Aponte, ancien colonel de la guérilla sandiniste au Nicaragua, est également mort. La perte irréparable d’Antonio Guiteras clôt l’une des pages les plus héroïques de l’histoire de Cuba.

Signification de la Révolution de 33

Bien qu’elle ait été vaincue, la Révolution de 1933 constitue l’une des étapes les plus importantes et les plus instructives de la longue lutte du peuple cubain contre ses oppresseurs étrangers et les autochtones. Au cours des six années qui s’écoulent de 1929 à 1935, le paysage politique du pays change radicalement. La conscience anti-impérialiste et anticapitaliste du peuple a atteint un haut degré de développement ; pour la première fois après l’établissement de la République, le peuple a massivement contesté le pouvoir de l’oligarchie et les menaces d’intervention militaire des États-Unis. La domination absolue des anciens partis oligarchiques a été brisée, laissant place à de nouvelles organisations et à des partis aux projections nationalistes, anti-impérialistes et révolutionnaires.

Le jeune et petit parti marxiste-léniniste a acquis une influence extraordinaire parmi les ouvriers et les intellectuels, a acquis une expérience inestimable et a jeté les bases pour devenir plus tard un parti de masse. La révolution de 1933 a confirmé le prolétariat comme la classe la plus ferme et la plus conséquente dans la lutte pour de profondes transformations économiques, politiques et sociales, et a montré la nécessité indispensable de l’alliance de la classe ouvrière avec les paysans ouvriers et avec l’aile gauche du corps étudiant, l’intelligentsia et les professionnels, les couches et les secteurs auxquels correspondait un rôle décisif dans le processus révolutionnaire.

En même temps, cette Révolution a mis en évidence la faiblesse et le caractère vacillant et soumis de la bourgeoisie intérieure, et a corroboré une fois de plus le rôle antipopulaire, réactionnaire, pro-impérialiste et de trahison nationale de l’oligarchie indigène, des fondements des directions politiques bourgeoises et de l’aile droite de la petite bourgeoisie. Enfin, parmi d’autres leçons précieuses, la Révolution de 1933 a prouvé que le triomphe d’un mouvement révolutionnaire dépend dans une large mesure de sa capacité à utiliser toutes les formes de lutte, à créer son propre appareil militaire et à combiner l’action armée avec une mobilisation large et puissante des masses.

Ainsi, les expériences de la Révolution de 1933, ses succès et ses échecs, ses succès et ses erreurs, ses orientations stratégiques et ses tactiques de lutte, ont été d’une valeur inestimable pour les grandes luttes ultérieures, démontrant la continuité historique du processus révolutionnaire cubain.


Révolution de 33 (Cuba) - EcuRed




TIMES 8 janvier 1934 à minuit GMT-5


"Dans la cohue et la précipitation, des dizaines de délégués signèrent, ignorant apparemment une découverte remarquable du chef de la délégation cubaine Angel Alberto Giraudy : tous les documents présentés à la signature, sauf un, étaient en fait vierges ! N’ayant pas eu le temps de préparer des documents complets, le Secrétariat de la Conférence n’avait couvert de mots que la dernière page de la plupart des documents, laissant presque toutes les premières pages blanches et vides. « Scandaleux ! » s’écria Giraudy, le premier Cubain à quitter la Conférence pour se rendre dans la salle des traités. « On nous demande de signer on ne sait quoi ! » Le deuxième chef de délégation à quitter la Conférence fut le secrétaire d’État américain Cordell Hull. Son discours saluant « l’esprit de Montevideo » venait d’être acclamé pendant cinq minutes. Le président Roosevelt venait d’envoyer un télégramme : « Vous avez montré à nos voisins que vos idéaux et les miens ne sont pas des mots vides de sens. »"